Guillaume Barucq se taille un costume pour le G7 à Biarritz

Il y a une semaine on accueillait Emmanuel Macron à Biarritz. Quand je dis « on », évidemment je m’emballe un peu, puisqu’en réalité il fallait être trié sur le volet et même nos élus ont failli être privés de la poignée de main qui leur tenait tellement à cœur avec notre président Jupiter.

Je ne reviendrais pas sur le ridicule de la collection des photos de famille qui ont circulé sur Facebook. Au milieu de la mascarade, une en particulier nous a tous arrêtée. En effet, 323 réactions, 436 commentaires et 39 partages. Voilà le score du post de Guillaume Barucq, en passe de devenir notre meilleure blogueuse mode à Biarritz.

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Je vous laisse lire les commentaires, ils parlent d’eux-mêmes. Nombreux sont ceux qui sont choqués ou déçus.

Comme d’autres, j’aurais aimé voir Guillaume Barucq :

  • en combi puisque c’est sans doute le costume que nous lui connaissons le plus, celui qui clame son amour des océans et son « investissement » pour eux sans faille sur les réseaux sociaux et dans ses publications;
  • en homme sandwich avec son courrier de demande de financement pour la rénovation du Palais placardé sur son torse;
  • en Miss Météo prête à prédire les coulées d’égouts que l’on va encore avoir devant le Palais et le Casino pendant tout l’été après les orages;
  • en blouse médicale pour rappeler le manque de moyens de l’hôpital en France, le difficile travail des personnels soignants, les déserts médicaux ou même tout simplement la situation des infirmières qui devront faire leur tournée pendant le G7 auprès des Biarrots âgés ou malades dont l’état nécessite des soins quotidiens;
  • en gilet jaune par solidarité, par provocation ou même par conviction pourquoi pas…

 

 

Bref, j’aurais préféré tous les costumes à celui qu’il a choisi pour flatter le pouvoir d’un homme qui à grand coups de com et de marketing fracture chaque jour notre démocratie.

On dit souvent qu’un homme politique doit endosser le costume.

Mais endosser le costume ne veut pas dire endosser celui d’un autre, cela signifie simplement prendre la mesure de la responsabilité qui va avec la fonction. Etre élu, c’est aussi prendre le pouvoir que les électeurs avec confiance et sans doute espoir ont donné à celui qu’ils choisissent.

Guillaume, tes électeurs t’ont choisi non pour que tu rentres dans un moule qui ne te correspond pas mais bien pour que tu portes les idées qu’ils ont cru te voir incarner. Les gens ne te suivaient ni par intérêt, ni par idolâtrie mais bien, sur le fond parce qu’ils croyaient naïvement que tu saurais défendre leurs convictions. Ils pensaient sans doute que tu partageais leurs valeurs.

Aucun n’aurait imaginé te voir jouer le pingouin pour attirer quelques instants le regard de Jupiter.

 

 

Et choisir l’excuse d’avoir glissé, le temps d’une poignée de main, un mot sur la préservation des océans me conduis à me demander si tu ne te moques pas de nous.

Guillaume, tu es un des principaux adjoints de la majorité municipale depuis 5 ans déjà. Tu ne peux pas te cacher, tu es responsable des renoncements que tu consens chaque jour.

 

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Une toiture végétalisée prévue dans le cahier des charges qui disparait, des panneaux solaires que tout le monde oublient, des pistes cyclables suicidaires, des arbres quinquagénaires décapités à la sauvette aux premières heures du jour quand il n’y a pas de témoin, des sols toujours plus bétonnés qui accentuent irrémédiablement le ruissellement, des bassins de rétention qui ne seront jamais pleins faute de tuyaux suffisamment larges pour absorber le flux des fortes pluies, l’hypocrisie du prétendu sauvetage de Marbella, des eaux de baignades toujours plus sales en haute saison, des équipements pour nettoyer la mer tellement vétustes qu’on se demande comment un opérateur de telle envergure ose encore les présenter en appel d’offre (certains contrats sont profondément ancrés), l’ouverture des vannes et les coulées de plus en plus fréquentes en été et la détérioration de la qualité des eaux de baignade qui nous empêche de nous baigner les 3 jours qui suivent chaque averse…

Enfiler ce costume qui malheureusement t’allait si mal (un acte manqué peut-être) ressemblait à s’y méprendre à une allégeance à la Macronie indigne des enjeux que tu prétends défendre. Et cette poignée de main encravatée contraste tellement avec l’élégance et la hauteur prise par Nicolas Hulot le 28 août dernier lorsqu’il démissionnait. 

Peut-être pourrais-tu réécouter les raisons courageuses et louables qui l’ont poussées à quitter le gouvernement d’Emmanuel Macron?

Ce jour-là, au micro de France Inter, il avouait avec une tristesse évidente dans la voix « Je ne comprends pas comment après un diagnostic imparable qui ne cesse de se préciser de jours en jours ce sujet (la mobilisation pour le climat) est toujours relégué dans les dernières priorités ».

 

Nicolas Hulot ne portait pas de cravate, il n’a pas suivi le flot en marche, sa tête dépassait fièrement. La tienne vendredi s’est une nouvelle fois et devant tout le monde inclinée.

Et s’il est question de mode, et bien même là, Guillaume, tu n’as aucune excuse. Je me permets de te rappeler ce que disait Coco Chanel « la beauté commence au moment où vous décidez d’être vous-même ».

Nous, Biarrots, aurions tellement aimé voir Guillaume vendredi dernier…

7 commentaires

  1. Quel bonheur de voir que les plumes talentueuses se réveillent à Biarritz et qu’une salutaire ironie existe! Je ne suis pas d’accord avec tout dans cet article, mais le magnifique costard taillé par Miss Coco Chanel, pardon par The blond biarrote, m’enchante. Tout comme m’enchante la réponse de Guillaume par Twitter affirmant qu’il ne s’attendait pas à ce… Cravategate !
    La démocratie, c’est aussi se dire les choses, de préférence avec le sourire. J’adore cet article.

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  2. Allons………Après Nathalie Motsch, Guillaume Barucq. À qui le tour ensuite?
    Et je me permets d être en plein accord avec Pierre Aldama……
    C’est certes d’une pauvre banalité que de dire: La critique est facile, mais l’art est difficile.
    Pour autant:
    1. Pour l’accueil républicain du président de la République, Guillaume Barucq a fait exactement ce qui convenait, pas plus et pas moins à mes yeux; cravate comprise; question de respect, mais bon, le respect, aujourd’hui……
    2. J’ai juste un peu souri à la formulation « Le président m’a assuré que…… » sur G7 et océan; mais c’est sans doute vrai………
    3. Plus au fond, Blond biarrote, je vous trouve sévère et ne dirais pas qu’il a failli à sa mission ni même trahi ses convictions. Il les défend, mais n’est pas le maire. Et nous avons de multiples illustrations depuis 2014 des tendances autocratiques et du déficit de transparence, pour ne pas dire pire, de ce maire et de son premier adjoint.
    Aussi, et puisque vous nous avez annoncé une série de « portraits », j’attends avec un grand intérêt vos prochaines « charges ».
    Oserai-je évoquer la possibilité qu’un jour prochain, l’un de ces portraits se trouve être élogieux?
    Vous avez assurément une jolie plume et lorsque vous vous intéressez à un dossier, vous faites un remarquable boulot d’approfondissement qui éclaire ceux qui vous lisent (Aguilera…).
    Vous faites parfois des analyses et commentaires brillants et sensibles (Conseil municipal du 15 octobre 2018 sur le Palais…).
    Vous menez de jolis combats bien dans leur époque, vous êtes très « moderne » sur le fond (École des Thermes salins, je vous ai soutenue aec enthousiasme et sincérité…).
    Aussi, par pitié, ne nous décevez pas, s’il vous plaît: Restez dans la hauteur de vue dont vous etes capable et ne donnez pas dans la « boule puante » pré-électorale. Merci de prendre cela pour une prière, pa pour une injonction, encore moins comme une manifestation de « donneur de leçon »…

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    1. Merci pour ce commentaire si argumenté et sincère je n’en ai pas de doute. Vous avez raison je critique, je critique un système qui gangrène cette ville et qui fait qu’elle n’est pas là où elle devrait être à tellement de niveaux (économique, écologique, démocratique, solidaire, innovant, attractif…). J’en suis déçue, pire j’en suis de plus en plus désespérée. Biarritz vaut mieux que toutes les facilités qui expliquent qu’on on en soit là.
      Je ne veux pas cautionner ce système basé sur l’opacité et le copinage. Critiquer les comportements qui alimentent ce système me semble donc assez cohérent. Que ça heurte les bonnes consciences, j’en suis désolée. Mais le but n’est pas de les endormir. Non au contraire, je souhaite réellement les réveiller. Et ce n’est pas en restant politiquement correcte qu’on y arrive.
      Guillaume d’ailleurs l’a bien compris j’en suis sûre et il a pris mon texte avec beaucoup d’humour et la hauteur que j’aurais voulu qu’il ait quand il a rencontré Macron. Comme quoi peut-être que ce texte n’est pas si inutile que ça 😉

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  3. Ah ah !!! quel régal !!!
    il y a un dicton : « Il est des enfants qu’on ne peut espérer corriger sans leur administrer de temps à autre la fessée. Certains adultes conservent le naturel de ces enfants. »
    La fessée envers les enfants tend à être interdite et c’est certainement une bonne chose, mais pour un adulte quand c ‘est fait sans violence, avec un peu d’humour ou de tendresse ça peut être savoureux à observer.
    Attention tout de même car certains petits coquins peuvent y prendre gout et … décider en secret de tout faire pour en recevoir une autre !
    Dans ce cas ce serait aux dépens de Biarritz … dommage 😉

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