L’hémorragie des Conseils participatifs de Biarritz

C’est encore l’histoire d’un RV manqué pour la démocratie à Biarritz, l’art de démotiver les meilleures volontés de surcroit parfaitement désintéressées.

Début mai, la majorité des membres du Bureau du Conseil participatif du quartier Nord ont présenté leur démission collective dans une indifférence aussi irrespectueuse que révélatrice de la soumission coupable des élus au premier magistrat de la Ville. Un exemple de plus de l’impunité et de la toute puissance dans laquelle, notre Maire, Michel Veunac se complait depuis déjà trop longtemps.

Pour mémoire, on se souvient que déjà fin 2016 le Conseil de quartier de Bibi-Beaurivage démissionnait en bloc faute de parvenir à la moindre écoute de la part du Maire.

Loin d’une renonciation les démissionnaires ont en réalité montré leur courage et leur attachement viscéral à une démocratie trop souvent bafouée. Un exemple qui aurait pu (mais il n’est jamais trop tard) inspirer les élus de notre conseil municipal alors que dans quelques mois, ils vont devoir rendre des comptes sur le bilan d’un mandat aussi pénible au quotidien que suicidaire dans un futur trop proche. Et pourtant, quasiment tous ferment les yeux…

Le geste responsable des membres du Bureau Nord a été argumenté dans un long courrier transmis à tous les élus où ils reviennent sur 12 mois de tentatives infructueuses d’apporter un peu d’ouverture et d’écoute à une municipalité repliée sur elle-même et arc-boutée sur des intérêts personnels.

12 mois de multiples tentatives pour faire vivre la démocratie locale

Sous l’impulsion d’Hervé Boissier, conseiller municipal délégué à la démocratie participative, on découvrait en février 2018 un nouveau dispositif pour relancer la participation citoyenne (en berne depuis un emportement de notre cher Maire lors d’un meeting à Iraty) à travers des Conseils participatifs. L’ambition affichée était à la hauteur de la campagne de communication qui l’accompagnait (un dossier de 6 pages dans le Biarritz magazine, presse, radio, video…).

Vous pouvez retrouver tous les détails du projet avec dessin, schémas, etc. On ne peut pas dire que la Direction de la communication de la Ville ait lésiné sur les moyens.

L’ambition était donc là : la délibération du 20 décembre 2017 parle même de « faire participer les citoyens aux décisions politiques ». Leur champ d’action initial était large puisqu’ils étaient censés organiser la consultation des citoyens. Evidemment pour cela ils peuvent disposer des moyens de communications (Biarritz Magazine, Popvox).

Tout le monde y a cru. Hervé Boissier le premier à n’en pas douter.

Le processus de désignation par tirage au sort pour moitié sur les listes électorales et pour moitié à partir de candidatures spontanées à partir d’un formulaire en ligne semblait garant d’un pluralisme qu’on imagine toujours fécond. D’autant qu’aucun des membres n’appartient à un groupe politique.

Très enthousiaste par rapport à ce projet, j’avoue, je suis une grande fan de la démocratie participative, dès l’annonce, j’ai évidemment candidaté. Je n’ai pas été retenue mais j’ai suivi de loin cette nouvelle instance avec l’espoir de voir émerger un semblant d’écoute de la part des élus.

Sauf qu’un an plus tard le constat est rude : les membres du Conseil participatif du quartier Nord après des mois d’implication désintéressée, ont finalement jeté l’éponge et la majorité a démissionné.

Les deux autres Conseils quant à eux sont quasiment au point mort et seules quelques initiatives isolées qui rappellent plus les anciens Conseils de quartier moribonds que l’ambition initiale des Conseils participatifs.

Conseil de quartier versus Conseil participatif

Conseil de quartier : ils existent depuis des années, c’est même Michel Veunac qui les avait créés en 1997. Les membres étaient tirés au sort sur candidature spontanée.

Ils s’apparentaient souvent au bureau local des pleurs. Chacun vient y prêcher pour sa paroisse, mais quasiment jamais aucun sujet ne remontait jusqu’à une solution politique alors même que Peio Claverie qui en était alors responsable avait envisagé la possibilité de faire inscrire des sujets à l’ordre du jour du Conseil municipal. D’où leur essoufflement.

Conseil participatif : plus ambitieux, ils sont censés être animés par des membres qui ne prennent pas directement partie pour leurs revendications personnelles mais qui sont en charge d’organiser les débats et la concertation pour que les sujets les plus importants pour la majorité des citoyens d’un quartier puissent remonter jusqu’aux élus.

Sur le papier, ils étaient supposés avoir une grande marge de manoeuvre. Dans les faits, rien ne peut aboutir…

 

Incontestablement bons élèves et animés par la volonté de contribuer à leur mesure à l’intérêt général, les membres démissionnaires du quartier Nord ont pris le temps de faire un bilan écrit de leur action.

Un texte de 7 pages qui reprend non seulement l’origine de leur mission, le fonctionnement du Conseil mais aussi les différentes actions qu’ils ont tenté d’entreprendre, sans recevoir le soutien municipal qui leur était initialement promis.

Ils l’ont ensuite envoyé le 2 mai dernier au Maire (pas de réponse) et à l’ensemble des élus du Conseil municipal. En dehors d’Hervé Boissier, sincèrement attristé par l’échec de cette participation à laquelle il est si attachée, la seule qui a pris le temps de les rencontrer est Maider Arosteguy. Il paraitrait que Nathalie Motsch souhaiterait également prendre contact avec eux, depuis le 2 mai, il serait peut-être temps…

Quant à tous les autres, silence radio. Je suis partagée entre plusieurs analyses :

  • ils n’ont pas encore eu le temps d’ouvrir leur boite mail
  • la démocratie quoi ? participative, c’est quoi ce truc ?
  • ils ont ouvert le mail mais en voyant les 7 pages de contre-rendu, ils ont jeté l’éponge
  • ils ont ouvert, lu (ou pas) mais dans tous les cas le Maire l’a dit « la loyauté avant tout » alors pas de place pour le débat, la contradiction et surtout pas pour les convictions.

Si vous avez le courage, que pas mal d’élus n’ont pas eu, prenez le temps de lire leur analyse de la situation. Elle éclairera sans doute un peu votre perception.

Mais en gros, voilà quelques grandes lignes qui me paraissent importantes.

Pour remplir la mission de consultation qui leur était confiée, les membres du Bureau du quartier ont eu l’idée de commencer par identifier les sujets prioritaires sur lesquels se pencher. Ils ont donc travaillé à l’élaboration d’un questionnaire très bien pensé destiné à faire ressortir sur une vingtaine de sujets (identifiés sur Popvox) :

  • ceux qui ont le plus d’influence sur la qualité de vie à Biarritz
  • le niveau de satisfaction des Biarrots par rapport à tous ces sujets.

Le questionnaire auquel les 2 autres Conseils participatifs ont souscrit est prêt en novembre 2018. Il devait ensuite être largement diffusé pour qu’un maximum de Biarrots y répondent.

Malheureusement, après des semaines de travail pour peaufiner les moindre détails, les membres du bureau ont essuyé un refus auquel ils ne s’attendaient vraiment pas tellement tout semblait jusque-là sur des rails.  « Le Maire a considéré que ça revenait à faire un bilan de mandature » reconnait tristement Hervé Boissier.

Que tous ceux qui sont aujourd’hui atterrés par une telle lâcheté soient rassurés : un Maire qui a peur à ce point de la démocratie, n’a que très peu de chance de rester en place.

J’ai pris le temps de vous mettre en ligne une version digitale du questionnaire initial, n’hésitez pas à le remplir. Il pourrait être utile que l’on arrive à avoir un résultat à ce sondage, non ?

N’hésitez pas à y répondre. Promis je l’enverrai à Michel 😉

Dans les mois qui ont suivi cette fin de non recevoir, les membres du bureau Nord, certes un peu déçu, ont quand même tenté d’autres actions. Ils ont notamment proposé d’organiser un débat dans le cadre du grand débat national sur le thème « Démocratie et citoyenneté ». Alors qu’Hervé Boissier était complètement acquis à cette idée qui pour lui « correspondait parfaitement aux consignes du président de la République sur le grand débat ». Le refus de la part du Maire a été catégorique, « c’est à la Mairie d’organiser le débat ».

Face à une telle mauvaise foi, les membres du Bureau Nord ont fini par s’épuiser et le Maire a réussi à casser la dynamique de leur groupe. Un véritable travail de sape qui a réellement affecté la motivation des membres pourtant de très bonne volonté. Et si Hervé Boissier, regrette profondément cette démission collective, il reconnait également que dans la position des membres du bureau, il aurait probablement fait la même chose.

Michel Veunac a les yeux rivés sur le G7, autrement dit encore deux mois de répit avant de réaliser à quel point s’il décide de se représenter, sa campagne va lui paraitre longue et difficile. Je ne saurais que trop lui conseiller d’aller d’ores et déjà emprunter les paddles de Guillaume Barucq pour commencer à s’entrainer à ramer…

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