Pour tous…

Il y a un peu plus de six ans, le 23 avril 2013, le texte sur le « mariage pour tous » était définitivement adopté.

Se souvient-on de la violence des oppositions, de l’outrance et de l’intolérance qui transpiraient à travers certains slogans, lors des manifestations organisées durant tout la durée des débats parlementaires ? La « civilisation » était menacée et ce texte allait ruiner les fondements de notre vie collective.

Six ans plus tard, donc, aucun basculement à signaler. Les statistiques montrent d’ailleurs que la « déferlante » annoncée n’a jamais eu lieu et que l’institution n’a guère été impactée. Un droit nouveau légitimement reconnu, mais qui n’a pas modifié le « paysage » du mariage en France.

Dans ces conditions, pourquoi tant de passion, pourquoi tant d’excès ? La réponse est assurément complexe mais, parmi d’autres éléments, on rappellera que dès les années 70, la même hostilité s’était manifestée contre l’autorité parentale conjointe, l’égalité entre enfants naturels nés hors mariage ou encore le divorce par consentement mutuel. Notre pays est celui des avancées sociales, mais aussi des débats irrationnels dont l’intensité laisse pantois nos voisins européens…même si ceux-ci, plus sereinement, finissent souvent par nous emboîter le pas.

On se réjouira donc que le temps écoulé depuis cette promulgation ait contribué à apaiser les esprits et à démontrer que ce changement sociétal pouvait parfaitement s’intégrer à notre système familial, suscitant l’adhésion d’une écrasante majorité de nos concitoyens. On aurait aimé pousser le raisonnement jusqu’à revendiquer le même calme et la même bonne foi au sujet de la PMA : malheureusement, les trompettes de la réaction bien ordonnée se font entendre quand – dernière salve en date – un député « du cru » dénonce un « combat contre nature » sur un sujet « essentiel pour l’avenir de l’Humanité ». Le sens de la mesure est de retour et celui des responsabilités le suit de près…

Qu’on s’en souvienne pourtant : stigmatiser ou caricaturer n’a jamais fait progresser notre vivre-ensemble. Et s’adresser aux instincts les plus bas de la nature humaine ne contribue même pas au statu-quo mais à l’émergence d’une société fébrile, repliée sur elle-même et tétanisée à la vision de ses propres ombres, à commencer par celles qu’elle invente pour se faire peur.

Alors, dignes héritiers de principes cartésiens, restons calmes…

A Biarritz même 5 mariages ont été célébrés entre personnes de même sexe depuis le début de l’année. Une commune française où, comme pour tant d’autres, le bon sens s’est tout simplement imposé. Comme quoi, après l’annonce du chaos, la fin des temps et la décadence qui menace, c’est la vie, bonnement, qui reprend son cours, guidée par ce qui nous rassemble, au mépris des grincheux et des diseurs de pauvre aventure…

Quelques chiffres biarrots 

2017 – sur les 100 mariages célébrés à la Mairie 3 étaient entre personnes du même sexe

2018 – sur 110 mariages 5 mariages entre personnes du même sexe

et depuis le début de 2019, on compte 5 mariages entre personnes du même sexe.

Au cœur d’une campagne qui, en mars 2020, verra ses habitants désigner son – ou sa – maire, poser ce constat c’est aussi illustrer ce qui lie le premier magistrat de notre ville à une communauté biarrote riche de sa diversité mais réunie par un même destin en un même territoire. Etre à la hauteur de cette diversité. La préserver coûte que coûte comme un bien inestimable, en veillant à ne jamais se soumettre à la démagogie ou à la petitesse qui la fragiliseraient.

Candidate à cette fonction, je veux dire ici – par-delà l’application stricte de la loi – la fierté qui serait mienne si demain m’était confié l’honneur de célébrer l’union de couples unis par la force de leurs sentiments…